Donner voix à mes mains.
Depuis mes 12 ans et pendant 27 ans, ma passion et ma vie professionnelle se sont tutoyées. Comme comédienne d’abord, puis intervenante théâtre auprès d’enfants, d’adultes, d’adolescents et enfin en tant que coordinatrice d’un festival de théâtre au sein duquel l’accès à la culture pour toutes et tous fut mon cheval de bataille pendant près de 10 ans.
En 2019, pour des raisons qui seraient trop longues à exposer ici, il m’est apparu évident que je devais quitter le milieu du spectacle vivant. Ce changement de vie ne s’est pas fait en un jour, il est le fruit de plusieurs années de réflexion, de longues heures de marche et pérégrinations intérieures afin de sentir, de trouver quelle et où serait ma juste place. Lorsque j’évoque autour de moi ma vie professionnelle passée, on me dit souvent ’waouh quel virage!", cela m’étonne toujours car ces deux univers me paraissent tellement proches.
Parce que le massage, tout comme le théâtre, est un art. Parce que le massage c’est une écoute, un ancrage, une présence à soi et à l’autre, c’est beaucoup de créativité, de la rigueur aussi. C’est être juste.
C’est en donnant voix à mes mains, en fermant le rideau, en laissant le dehors au dehors comme au théâtre, que j’ai enfin trouvé ma voie. Je me suis débarrassée du costume, des mots des autres et du regard du public. Je crois que je me suis trouvée moi. Ma nécessité, cette nécessité absolue d’être sur le plateau que ressentent mes ami.e.s comédien.ne.s et que je ne ressentais honteusement pas, est là. Auprès de vous, auprès de moi. Je suis consciente de ma chance.
J'envisage chaque massage comme une création, un voyage.
Le théâtre, c’est une présence, un ancrage, une écoute, c’est faire corps avec un texte, un personnage, avec la vision d'un ou une metteuse en scène, des partenaires. Pour faire le théâtre, il faut la sincérité.
Cette sincérité qui me faisait probablement défaut pour ne pas me sentir suffisamment ma place dans mon monde d’avant, aujourd'hui je l’ai trouvée.
Et je me sens alignée, en équilibre.
Certains diraient : hashtag gratitude. Et cela me ferait sourire.
Merci.
En grand.
Vous savez pourquoi.
